Le Tapis Kairouanais

Le tapis le plus ancien qu’on ait trouvé est le tapis de Pazyrik, découvert en 1949 dans les monts Altaï en Sibérie Centrale par l’Archéologue Russe Rudenko. Ce tapis à nœuds turcs date du V° siècle avant Jésus-Christ. Il figurait parmi d’autres objets d’ornement dans le tumulus d’un prince Scythe. On trouve aussi de nombreuses références aux tapis dans l’ancien testament ainsi que dans les textes de l’antiquité.  
 
OU FABRIQUE T’ON DES TAPIS ? 
Les traces les plus anciennes qu’on ait, concernent des tapis en provenance du Caucase et d’Asie centrale.De nos jours trois pays ou plutôt trois entités, possèdent une tradition séculaire dans la réalisation des tapis et ce à un degré d’achèvement qui touche à la perfection. Il s’agit de l’Iran, de la Turquie et du Caucase.A coté de ces trois grands viennent s’adjoindre les pays d’Asie Centrale dont les populations sont largement composée de Turkmènes (Afghanistan, Azerbaïdjan, Ouzbékistan, Turkménistan, Kazakhstan, Tadjikistan sans oublier le Sin-Kiang qui est la province la plus occidentale de la Chine Populaire.Viennent ensuite les anciennes possessions de l’Empire Ottoman : la Tunisie avec ses fameux tapis « Kairouan» , l’Egypte, l’Algérie et aussi les pays des Balkans (notamment la Roumanie et l’ex-Yougoslavie) longtemps sous influence TurqueLe dernier cercle des pays producteurs de tapis d’orient comprends la Chine, l’Inde et le Pakistan. 
LA FABRICATION
  
Il existe deux techniques pour réaliser des tapis :
1-La technique du point noué (plus épais, plus lourds, ils ont une meilleure tenue au sol)
2-La technique du point tissé ( plus légers offrent par contre à un degré de serrage identique une meilleure définition graphique de leurs motifs)
Dans le premier cas on fait du velours, dans le second on fabrique une étoffe qui donne en final un rendu plus sec et plus plat.
En Orient et en Tunisie, on appelle les tapis à points tissés des Mergoums et Klims.
Au plan de la production brute, les tapis à points noués devancent de loin les Mergoums et Klims.
Autre différence : avec les Mergoums et Klims, on joue sur les couleurs plus que sur les motifs qui sont toujours géométriques. Par contre les tapis à points noués offrent plus de richesse dans leur dessins.
Les tapis à point noués et les Mergoums et Klims sont aussi solides et aussi résistants l’un que l’autre. 
LES MATIERES EMPLOYEES ET LEUR QUALITE
  
Les matières utilisées pour faire des tapis sont principalement la laine et le coton et dans une moindre part la soie. L’emploi de l’un ou l’autre diffère selon la partie du tapis en question (velours, trame ou chaîne). L’emploi de la laine ou du coton pour réaliser les fils de trame et/ou de chaîne s’est fait en fonction de facteurs historiques, géographiques et économiques.Sans toutefois généraliser, on constate que les nomades et les habitants des régions les plus isolées utilisent leur laine produite localement alors que dans les villes et les régions faciles d’accès les artisans emploient du coton.L’utilisation de la laine dans la chaîne et la trame des tapis leur donne plus de souplesse et plus de solidité que le coton car l’ensemble laine sur laine est plus homogène.Le coton permet de réaliser un serrage plus fin. Par contre les tapis sont moins résistants à l’humidité ambiante (cela joue quand on raisonne sur une durée de vie de plusieurs dizaines d’années durant lesquelles la chaîne de coton d’un tapis va lentement se dégrader pour peu que le tapis soit dans une atmosphère humide due à des raisons climatiques, en bord de mer ou encore dans une résidence secondaire qui n’est pas habitée toute l’année.) L’autre défaut (tout relatif) du coton est qu’à la longue, il coupe et cisaille les nœuds qui eux sont en laine.La soie elle, est solide et résistante, autant sinon plus que la laine. Cependant du fait que les tapis en soie sont beaucoup plus fins que ceux en laine, les dégradations qu’ils pourraient subir, seront plus visibles et plus apparentes que sur les autres tapis.
LES DIFFERENTS STYLES DE TAPIS
  
On peut distinguer les tapis à motifs géométriques et les tapis à motifs floraux.
Une autre manière de classer les tapis, qui n’est pas contradictoire avec la précédente, est de distinguer les tapis d’Atelier qui sont destinés à la vente et les tapis dits Nomades ou de Tribus ou encore tapis de Villages qui sont eux réalisés en général en milieu rural souvent en famille pour leur propre usage. 
 
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  COMMENT CHOISIR UN TAPIS ?
  
1-La taille :
Le préalable à tout achat est de déterminer les dimensions de votre futur tapis. Il faut en effet avoir du recul pour appréhender et apprécier le tapis dans son ensemble, ce qui est impossible si celui-ci est surdimensionné par rapport à la taille de la pièce. En général la surface du tapis ne doit pas excéder 25 à 30% de la surface de la pièce à laquelle il est destiné. On doit laisser tout autour du tapis un espace libre (moquette, parquet ou dallage) pour le mettre en valeur. Cet espace va servir d’encadrement au tapis tout comme le cadre d’un tableau ou d’une gravure sert à mettre en valeur la composition de l’artiste.  
2-Les motifs :
Motifs géométriques ou motifs floraux ? à vous de choisir en fonction de votre goût et du style de votre intérieur. Cependant, les décorateurs s’accordent pour dire que les motifs géométriques ou répétitifs sont plus faciles à placer et se marient mieux avec les ambiances des intérieurs occidentaux. Les motifs floraux avec médaillon central ont souvent plus de présence sont plus voyants. Donc attention au choix. Le flamboyant tapis, si séduisant dans la boutique peut se transformer au bout de quelque temps en un invité quelque peu encombrant dont on ne sait plus que faire.  
3-les couleurs :
Le choix des couleurs est plus simple que celui posé par les motifs. Nous avons tous des préférences personnelles pour telle ou telle couleur. Aussi, une fois n’est pas coutume, le mieux est de vous laisser aller : suivez votre intuition et tout simplement choisissez le tapis qui vous plaira le plus. Avec un correctif, cependant : pensez à l’esprit de la pièce à laquelle le tapis est destiné. 
LES COULEURS (CHIMIQUES ET NATURELLES) 
  
Jusqu’à la fin du XIX° siècle les teintures employées pour tisser les tapis étaient à base d’ingrédients naturels. Dans les années 1860 l’invention de colorants de synthèse par l’industrie chimique va bouleverser l’artisanat et le tapis en particulier.Ces nouveaux produits sont pour la plupart dérivés du goudron de houille notamment l’aniline. En 1870 ces teintures chimiques sont très bon marché, faciles à utiliser. Elles se répandent dans tout l’orient.Avant l’arrivée de ces colorants chimiques les artisans teinturiers utilisaient divers colorants d’origine végétale ou animale.Pour teindre les laines, les poudres de racines étaient mélangées avec de l’eau qu’on portait à ébullition. L’intensité de la teinte était obtenue en fonction du degré de concentration du colorant dans la solution.Il existe quelques rares manufactures en Iran, en Turquie et en Tunisie qui utilisent encore des teintures naturelles.
  
LES CRITERES D’APPRECIATION D’UN TAPIS
Voici par ordre d’importance relatif, des critères simples à appréhender pour apprécier la valeur d’un tapis :-Le pays d’origine (Iran, Turquie, Tunisie en tête)-L’appellation dans le pays d’origine.-L’état de conservation.-Les dimensions
-Les critères esthétiques propres au tapis.
-La qualité des matières employées (laine, coton, soie)
-la finesse ou le serrage (nombre de nœuds au m2).-L’age du tapis.-L’emploi ou non de couleurs naturelles-La régularité du travail.-Le format du tapis (proche du carré, normal ou allongé)
-L’estampillage de contrôle qualité 
 
ENTRETIEN
  
Conserver un tapis en bon état et sur une longue durée est une chose relativement simple si l’on respecte les principes suivants :C’est la saleté qui provoque l’usure des tapis beaucoup plus que les contraintes liées au passage intensif. Les dégâts dus à la saleté sont de deux ordres :  
1-la poussière et le sable ( qui existe en infime quantité même en ville ) descendant peu à peu jusqu’à la racine des nœuds du apis. Il se produit alors un effet de meule quand on marche sur le tapis et la laine s’use prématurément.2-toutes les infimes particules plus ou moins grasses que nous véhiculons sous nos souliers finissent par recouvrir le velours du tapis. Celui-ci perd sa souplesse et devient cartonneux. C’est là où l’usure s’accélère fortement.  
Il convient donc de nettoyer régulièrement les tapis :
-au moins une fois par semaine (passer l’aspirateur doucement pour extraire la poussière)-une fois par an retourner le tapis pendant 2 ou 3 jours et le laisser à l’envers à son emplacement habituel pour faire tomber les poussières et le sable qui résistent à l’aspirateur.-tous les 3 à 5 ans en fonction de l’emplacement du tapis, le donner à un professionnel de confiance spécialisé en tapis et lui demander de faire un lavage traditionnel. 
Le lavage traditionnel pratiqué par les bons professionnels nécessite des installations spéciales et se fait en 3 étapes :
1-on refixe les couleurs avec différents produits pour qu’elles ne se mélangent pas irrémédiablement au cours du lavage car la laine est un matériau qui se teinte difficilement (contrairement au coton) et qui par conséquent déteint facilement.2-on passe ensuite au lavage proprement dit. Le tapis est abondamment mouillé frotté avec du savon doux. Cette opération permet de laver le tapis en profondeur et ans toute sa structure, non seulement le velours mais aussi la trame et la chaîne.
3-un rinçage soigneux permet d’éliminer les deniers résidus. Il importe ensuite de sécher rapidement le tapis dans un séchoir à plat. Un séchage trop lent risque de détériorer la chaîne et la trame qui sont souvent en coton

Catégorie : - Tapis
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