La Céramique

Introduction
En Tunisie, l’artisanat de la céramique est une activité millénaire. Il est de nos jours encore bien vivant, essentiellement populaire, différent et varié. Il témoigne de l’ancienneté des traditions dans le pays. Les musées régionaux nous montrent par leurs collections la richesse et la diversité de ce patrimoine.
Cet artisanat céramique est répandu sur tout le territoire, en zones urbaines comme en zones rurales, partout où l’argile existe, et plus particulièrement à Aïn Drahem, Berrama, Guellala, Menzel Fersi, Moknine, Nabeul, Nafta, Sejnène, Testour, et Tozeur. Ces villages et ces villes représentent les pôles de production où l’argile est travaillée par les mains d’habiles artisans à domicile ou dans des ateliers à temps plein ou discontinu.
En zone rurale, l’artisanat de la céramique est une activité familiale, traditionnelle et saisonnière, pratiquée en plein air par les femmes bédouines. La poterie rurale est très peu diversifiée, souvent éloignée du marché. En zone urbaine, l’activité céramique est généralement une affaire d’hommes travaillant dans des ateliers de différentes tailles. Le produit est diversifié, la production est importante, les marchés sont diversifiés.
Jusqu’à vers la moitié du XXe siècle, chaque région vivait dans un certain isolement, ce qui donna lieu à plusieurs variétés locales de céramiques et de techniques de fabrication, et forma des écoles indépendantes :
Nabeul, un important centre renommé pour ses poteries de terre cuite, et pour sa vaisselle,
ses carreaux et ses tuiles de faïence.
Moknine et Guellala deux villes célèbres pour leurs poteries de terre cuite brutes ou
vernissées en forme de jarres et de bassines de grandes dimensions.
Testour, ville connue pour ses tuiles et ses dalles brutes typiquement andalouses.
Tozeur et Nefta, deux villes réputées pour leurs briques pleines destinées à satisfaire le
besoin d’une architecture locale.
Les villages de Sejnène, Berrama, Menzel Fersi et Zouakra n’ont pas cessé de perpétuer à
l’identique leurs fameux kanouns, tagines, broms, hallebs, tabounas, etc. de poterie tendre.
Aïn Drahem, la ville forestière a brillé par sa nouvelle fabrication d’articles souvenirs en
faïence blanche dont les formes et le décor rappellent la forêt du nord ouest du pays.
Il apparaît ainsi que l’artisanat tunisien de la céramique est très divers dans son organisation et dans
ses dynamiques. Il renferme 4 catégories de fabrication : la poterie tendre, la poterie dure de terre
cuite, la poterie vernissée et les faïences.
Quelques repères
Larousse définit la céramique en ces termes : « l’art de fabriquer les poteries et autres objets de terre cuite et de faïence ».
En termes Scientifiques, la « céramique » désigne un terme générique donné aux produits d’apparences diverses, fabriqués à base d’argile (e’ttine en arabe en amplifiant un peu les 2t) qui ont subi, au cours d’une cuisson à température plus ou moins élevée, une transformation physico-chimique irréversible.
Les céramistes opèrent dans deux domaines économiques assez distincts : l’Industrie et l’Artisanat. Ce dernier domaine est caractérisé en Tunisie par le travail essentiellement manuel dont les produits sont inspirés en général du patrimoine national, ou sont de connotation artistique.
Du point de vue réglementaire, les activités de la céramique en Tunisie, appartiennent au groupe d’activités N° 8 «Métiers de l’Argile et de la Pierre » défini dans le cadre de la Liste des Activités Artisanales, instituée par le Décret n°2005-3078 du 29 Novembre 2005 fixant la liste des activités de petits métiers et de l’artisanat et déterminant les activités dont l’exercice nécessite la qualification professionnelle .
Ce groupe d’activité cite quatre genres de céramiques ou de produits en céramique à savoir : la poterie artisanale, la céramique traditionnelle, la brique traditionnelle et la tuile traditionnelle.
La Nomenclature des Activités Tunisiennes NAT  prévu des positions spécifiques se rapportant à la fabrication traditionnelles de briques, de tuiles, poterie artisanales et la céramique alors que la Classification Tunisienne des Produits CTP  prévoit d’en réserver une pour les produits provenant de chacune de ces activités dans sa nouvelle version.
Socialement, et pour la majorité des tunisiens, la céramique traditionnelle est perçue essentiellement comme un héritage culturel qu’il faut préserver. C’est un produit pour la décoration et le souvenir plutôt qu’un produit d’usage courant, mais les mentalités commencent à changer et on voit de plus en plus la céramique envahir notre quotidien. C’est plutôt à l’extérieur des maisons que la céramique apparaît le plus. Les tuiles multicolores recouvrent les toits et les bordures des balcons et des clôtures de jardins, alors que de multitudes vases et pots envahissent les jardins.
 
Histoire de la céramique
Le mot céramique, qui s’est imposé dans la plupart des langues, provient du grec ancien « kéramos » qui signifie « fabriqué en argile ». Les activités de la céramique se réfèrent à une confluence entre les arts de la terre et les arts du feu elles sont apparues au début, au Moyen-Orient, au néolithique dans le berceau des grandes civilisations sédentaires. La céramique s’est propagée en même temps que l’agriculture pour atteindre le Maghreb et l’Europe vers le milieu du IV ème millénaire avant J-C. La céramique modelée maghrébine du néolithique et de l’âge de bronze trouve sa place dans une koinè méditerranéenne. Les contacts établis depuis ces temps reculés entre le Maghreb et l’Europe expliquent leur parenté, notamment sur le plan morphologique, avec les céramiques modelées des autres régions de la méditerranée occidentale. Cette céramique, qui utilise des matériaux et des techniques simples comme le modelage au colombin, s’est maintenue presque immuablement, jusqu'à notre époque, dans des milieux paysans.
En Afrique du nord, le début de cette production se situe entre 4400 et 3800 av. J-C. Selon les formes, deux types se différencient : une saharienne, généralement sphérique, et une poterie maghrébine à fond conique. Au Maghreb, les gisements néolithiques sous grottes ont livré des vases à fond coniques et à bord largement ouvert, des sortes de bouteilles ovoïdes munies de cols fermés et courts, des petites tasses à fond hémisphérique munies d’un oreillon de préhension perforé, des vases globulaires à fond plat, des vases et des gobelets à épaulement et à fond conique.
On relève fréquemment la présence de mamelon et de boutons de préhension, plus rarement celle d’anses funiculaires. Les potiers (ou plutôt des potières) utilisaient des argiles peu fines avec des impuretés et des éléments organiques qui, à la fin de la cuisson, donnent une coloration sombre à une pâte très grenue.
 
La céramique en Tunisie : un passé mouvementé
La céramique possède une longue histoire en Tunisie et se manifeste à travers des typologies variées. La céramique modelée est d’une pratique très ancienne, elle s’est développée dans le Sud Tunisien à la fin du néolithique et pendant la période protohistorique alors que la céramique tournée ne fut développée qu’avec les phéniciens qui ont introduit le tour du potier lors de leur établissement en Tunisie. Plusieurs causes et influences internes et externes ont permis cette évolution :
- le développement intrinsèque de l’agriculture (blé, huile ….) et le développement de certaines industries d’extraction (étain, cuivre…) dont les produits ont nécessité pour leur exportation en méditerranée des amphores en céramique,
- lors de l’implantation romaine en Tunisie la céramique connut une expansion remarquable surtout par l’adoption de la sigillée romaine,
- l’adoption par les concurrents musulmans de l’Afrique du nord du carreau de céramique à reflet métallique importé d’orient et implanté dans la mosquée de Kairouan en 836.
L’examen de l’évolution historique de la céramique permet de conclure à la pérennité du développement de la céramique en Tunisie. Il est vrai que cette évolution connut des ruptures dues à des influences plutôt externes qu’internes : l’adoption généralisée du christianisme en Tunisie a permis le développement du carreau à iconographie chrétienne alors que l’arrivée de l’Islam en Tunisie a nécessité l’adoption du carreau de céramique sans représentation figurée mais à reflets métalliques.
L’exemple type du développement du carreau de céramique en Tunisie du début de la période musulmane à la fin di 19éme siècle montre la grande ouverture de la céramique tunisienne à accepter les apports successifs andalous , turcs, français ….
Grâce à cette souplesse et à cette ouverture sur la méditerranée, la céramique tunisienne a su se maintenir et maîtriser les exportations en axant sur le maintien d’une décoration du carreau sur l’arabesque et sur le patrimoine national. Il est clair qu’il n’est pas nécessaire de se déconnecter de l’héritage culturel tunisien pour survivre et pour se développer. La modernisation de notre céramique passe par la conjonction entre l’ancien et le nouveau et par leur réconciliation.
 
L’Argile une matière abondante :
Des gisements multiples, très différenciés
- A Tabarka (gouvernorat de Jendouba N-O de la Tunisie) on trouve une concentration d’argile kaolinique située à l’Est de la ville à environ 8 km. Elle fait partie des argiles de l’extrême Nord du pays qui appartiennent à la formation Numidienne qui constitue une série argilo-gréseuse.
- Dans le Nord Ouest du pays également :
- les argiles de Béja qui sont utilisées actuellement dans la fabrication des briques sont d’âge Miocène. Elles se présentent en trois faciès différents : niveau inférieur plastique de couleur noir, niveau moyen sableux de couleur marron et niveau supérieur très sableux de couleur jaune.
Du point de vue minéralogique, il s’agit d’une combinaison kaolinite illite smectite avec prédominance illitique.
- les argiles de Tajerouine (Gouvernorat du Kef) de couleur brune ou grise d’âge Cétacé supérieur ayant des teneurs moyennes en silice de 45% et sont riches en alumine, elles sont assez chargées en carbonate et leurs teneurs en fondants alcalins sont peu élevés. Du point de vue granulométrique, elles ne sont pas très fines. Ces argiles sont actuellement utilisées dans la fabrication des biscuits pour carreaux céramiques.
- Les argiles de Sejnène (gouvernorat de Bizerte N-E du pays) appartiennent au flysch numidien.
Elles sont plastiques et se trouvent sous formes lenticulaires ou de poches dans le secteur ouest avec
des couleurs blanches. Dans le secteur Est, elles sont plutôt grises à gris clair et présentent des couches régulières avec des fines passées gréseuses. Dans la zone de Menzel Jemil et de Khetmine
des argiles grises d’âge Miocène contenant du gypse en petits cristaux sont utilisées pour la fabrication de produits rouges.
 
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- Au Cap-Bon, les argiles de Nabeul sont caractérisées par une certaine diversification dans les faciès liée à des dépôts d’âges différents. En effet, dans la région de Nabeul, ont été identifiées essentiellement les argiles de l’Oligocène inférieur de teinte verte, grise et marron en bancs très épais et les argiles d’âge Pliocène marin jaunes-verdâtres, plus ou moins carbonatées très fines qui constituent la principale source des matières première utilisées dans la poterie locale. On trouve également des argiles d’âge Miocène (Messinien) qui affleurent au Nord de la ville de Nabeul.
- Au Sahel, (centre Est du pays), le pli de Zeramdine (Jemmel près de Sousse) présente une masse argileuse importante d’âge miocène supérieur. Ce sont d’épaisses séries sédimentaires formées par des alternances argilo sableuses à couche de lignite et localement du charbon. Une seconde série argilo sableuse, d’âge Mio-Pliocène, brune et monotone occupe les flancs occidentaux du pli. Du point de vue minéralogique, ces argiles sont principalement kaolino-illitiques et sont presque exclusivement utilisées dans la fabrication des briques.
- Dans le gouvernorat de Sfax (centre Est du pays) les Argiles d’Aguereb présentent des formation stratifiées d’âge Mio-Pliocène à villafranchien (formation segui) alternant avec des couches sableuses. Il s’agit donc d’une argile gonflante utilisée dans la fabrication des produit rouges mais introduite avec de faibles proportions dans la fabrication des biscuits pour carreaux de faïence.
- Au sud du pays :
A Tejra (gouvernorat de Mednine), on trouve des argiles limoneuses de couleur rouge riches en oxyde de fer. Elles font partie de la formation argilo-gréseuse d’âge triasique qui affleure dans le sud Tunisien sous formes de couches stratiformes d’épaisseur importante.
Récemment de nouvelles découvertes ont révélé l’existence à sidi Aich (Gouvernorat de Gafsa) d’une grande quantité d’argile représentant une réserve de près 50 millions de tonnes propre à la production du carreau de faïence. D’autres réserves d’argile dans la région de Gafsa sont prouvées à Mdhila et à Metlaoui …
L’étude sur les argiles de Guellala (Ile de Djerba gouvernorat de Médenine) montre que la série sédimentaire affleurante dans l’île de Djerba comporte des formations récentes d’âge mio-pliocène et quaternaire. La couche d’argile de poteries présente une épaisseur variable de 0,30 à 3 m. Elle affleure sporadiquement dans certains cours d’eau "Chaaba et wad". Ailleurs, elle est couverte par une pile de sédiments dont la puissance peut atteindre 15 à 20 mètres de haut.
- Près de la Capitale, les argiles de Mornag (Gouvernorat de Ben Arous) sont d’âge Eocène supérieur-Oligocène inférieur et se présentent sous forme d’épaisses masses argileuses intercalées entre des bancs de grés plus ou moins tendres, présentant par endroit des taches d’oxyde de fer. Elles sont assez riches en carbonates, sulfates et oxydes de fer et en fondant alcalins ce qui limite leur utilisation dans la céramique fine et ne sont presque utilisées que dans la fabrication des briques.
Autres matériaux
Des matières inertes non plastiques sont souvent ajoutées aux argiles pour améliorer leur aptitude au façonnage, modifier leurs comportements au séchage et à la cuisson, et aussi, pour donner aux produits finis les caractéristiques désirées de texture, de vitrification, de translucidité, de couleur, de solidité, de résistance au choc thermique, etc.
Selon l’argile employée, on ajoute, dans des proportions variables:
- Les dégraissants: ce sont essentiellement le sable et la chamotte broyée d’argile préalablement stabilisée par la cuisson. Les dégraissants interviennent pour diminuer la plasticité de l’argile et la rendre moins grasse, et aussi pour constituer un squelette permettant de freiner le retrait au séchage et à la cuisson, ce qui réduit les risques de déformation et de fissuration.
- Les fondants : dans certains produits céramiques comme le grès ou la porcelaine, la vitrification est développée lors de la cuisson par addition de fondants constitués de feldspaths, de craie, de dolomie ou de verre broyé. Outre leur action fondante, ces matières ont une action dégraissante, en cru. Des matières servant essentiellement dans l’émaillage et la décoration des produits céramiques sont généralement importées. Mais on importe aussi la pâte céramique en boudin. Les matières importées sont souvent en provenance d’Europe, et sont donc sensées être conformes à la réglementation en vigueur du pays d’origine en matière de normalisation, celle-ci est généralement en harmonies avec les exigences en la matière sur le territoire tunisien. Le suivi des importations des matières premières constitue l’un des indicateurs qui peut renseignersur le développement de l’activité de la céramique en Tunisie.
 
Du gisement à l’atelier de fabrication
L’extraction de l’argile se fait en général par l’artisan lui-même. Si dans la région de Sejnène, où l’argile est partout, l’artisane n’a qu’à creuser un trou dans le sol pour l’extraire, à Barrama, les hommes l’extraient sur une propriété privée à Dmène-Dhyou, située à 12 km de l’agglomération et l’achemine sur le dos de mulet. La qualité exceptionnelle des gisements d’argile de la région Nefta et Tozeur, a poussé les artisans à se spécialiser dans la fabrication d’un mono-produit : la brique jaune. Les artisans briquetiers achètent une argile grasse de couleur rougeâtre extraite d’une carrière se trouvant dans l’oasis du nom « ouahat Chemsa » située à 10 km du lieu de production. Ils doivent aussi, se procurer l’eau dans une autre oasis du nom « ouahat Jéhin » loin de 8 km où l’eau jaillit de source naturelle. A Testour (Nord ouest du pays) la région est riche en argile de très bonne qualité, que l’artisan va chercher sur le dos d’âne, au même endroit qu’autrefois, dans une colline du nom « kodiet el h’laoua » à 2 km de sa tuilerie. Il l’extrait gratuitement sans avoir besoin de demander une autorisation au préalable. Cette argile est de couleur jaunâtre et légèrement ferrugineuse. On la trouve à quelques dizaines de centimètres de la surface du sol. Lors du prélèvement, elle est triée et débarrassée de ses impuretés (débris végétaux, fragments de calcaire, petites pierres) sur place. A l’arrivée sur le lieu de travail, elle est mise en tas arrondis d’environ deux mètres cubes. Puis elle est malaxée avec les pieds. L’eau est prélevée directement dans l’oued Méjarda.
Dans la ville de Moknine, et depuis une quinzaine d’années, tous les potiers se procurent l’argile qu’ils tournent, dans une nouvelle carrière située à Menzel Fersi, à 8 km environ de la région. L’exploitation de l’argile se fait en carrière à ciel ouvert par une pelle mécanique et assurée par un particulier qui vend la benne d’environ 3 tonnes à 30 dinars, soit à 10 millimes le kg d’argile livrée à l’atelier. Autrefois, les potiers devaient chercher eux-mêmes l’argile dans un très ancien site d’extraction, situé à Dar H’roun, à 1 km de la ville. L’extraction était manuelle comme elle se fait encore à Jerba, dans des tunnels pouvant atteindre 20 mètres de profondeur. En raison des risques d’accident et de l’absence de candidats pour s’aventurer dans ces tunnels dangereux, les potiers se sont tournés vers les carrières à ciel ouvert qui sont exploitées aussi par les briqueteries industrielles. Mais, la carrière qui leur a donné satisfaction est celle de Menzel Fersi qui est exploitée aussi par les femmes potières depuis fort longtemps. Il convient de noter que la plupart des potiers ont souvent un problème d’approvisionnement lié à l’exploitation de la carrière qui, paraît-il, n’est pas administrativement en règle. Les opérations d’achats se font sans factures ni bons de livraison ce qui peut bloquer les livraisons en cas de contrôle sur la voix de l’acheminement de l’argile. Les tracasseries sont aussi avec le fisc pour justifier le cas échéant, les dépenses. Cela empêche aussi les exploitants de déterminer les prix de revient de leurs poteries avec exactitudes et pratiquent sur le marché des prix très bas qui ne leur permettent pas parfois de couvrir leurs frais et, par là, il serait difficile d’améliorer leurs conditions de vie.
Selon les traditions ancestrales, l'argile à Guellala « taghouri» est extraite de la mine manuellement dans des galeries souterraines appelées "maaden". On pioche la roche pour extraire un minerai de couleur rougeâtre à brunâtre riche en hydroxyde de fer. Ce dernier est rassemblé en tas puis vendu par les exploitants aux potiers comme matière première. L’unité de vente s’appelle "Dassaa" (environ 30 Kgs). Il faut noter que depuis quelques années, les potiers ont commencé à se plaindre de la difficulté d’accès à l’argile, ce qui constitue un handicap très important pour leur activité. En effet, les trois carrières existantes fonctionnent à très faible rendement. Leurs propriétaires sont âgés ou n’ont plus les moyens et la capacité pour accroître la production. Certains potiers disent qu’ils sont obligés d’aller s’approvisionner dans des carrières à Médenine pour compenser les quantités manquantes à leur besoin. Il est à noter qu’à Tataouine, une usine de préparation et de commercialisation de pâtes céramiques a été inaugurée au mois de juin 2006 et a démarré sa production avec une pâte qui convient au façonnage des petites pièces. Quant aux grandes pièces, l’usine est en train de composer une autre pâte dont les propriétés doivent correspondre aux besoins des fabricants de jarres et d’autres grands ouvrages. Depuis 1967, les potiers faïenciers Nabeuliens utilisent de la pâte prête à l’emploi fournie par des entreprises spécialisées. Cette pâte est constituée d’argiles grises cuisant blanches rosâtres. Elles sont extraites dans les carrières situées dans la ville de Tabarka (gouvernorat de Jendouba). Elles sont broyées avec 30 % environ de dolomie et passées au filtre-presse. On utilise deux consistances, l’une suffisamment molle pour être tournée directement après le pétrissage à la main effectué par le tourneur, l’autre, plus dure pour le moulage à la presse. Cette pâte est abondamment consommée à Nabeul et commercialisée dans toute la Tunisie et même en Libye. Les argiles de Tabarka ont fait la réputation de la faïence de Nabeul depuis un demi siècle et les ressources sont encore considérables. L’installation de quelques unités de préparation de pâte prêtes à l’emploi a favorisé le développement du Centre Nabeulien de la Céramique. Ce travail était autrefois réalisé à grande peine par le potier. La consommation annuelle d’un atelier est d’environ 40 tonnes/an. Le prix de la tonne est d’environ 120 dinars. Il convient de noter que certains commerçants installés à Nabeul importent et vendent à environ 500 dinars la tonne, des pâtes cuisant très blanches importées d’Italie et d’Espagne. Elles sont utilisées dans la fabrication de la faïence blanche. On trouve aussi dans le commerce une pâte importée de couleur rouge. Sa particularité est de résister au choc thermique. Elle est donc employée dans la fabrication d’ustensiles culinaires pouvant servir à cuire des repas directement sur le feu. A Nabeul également, l’argile destinée au tournage de la poterie de terre cuite est une terre commune qui provient d’une carrière à ciel ouvert voisine des ateliers des potiers. Sa qualité permet de produire toutes sortes de jarres et de grands récipients. Après extraction, l’argile en mottes, est transportée par tracteur jusqu’aux ateliers où elle est stockée étalée dans la cour en plein air. Comme ailleurs, la pâte à jarres qu’utilisent les potiers de Nabeul résulte du mélange de 2 ou 3 argiles communes locales dans des proportions variables. La principale composante de la pâte est l’argile jaune verdâtre très fine et très grasse du gisement nommé « ghar e’tfel ». Elle ne contient pratiquement aucun corps étranger. Très pure et très collante, elle doit être mélangée avec une argile sableuse jaunâtre locale. Le mélange peut aussi être additionnée d’une certaine quantité de sable tamisé très finement. De couleur jaune lorsqu’elle est crue, la pâte devient rougeâtre après cuisson. 
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Les préliminaires de la fabrication :
Préparation de la pâte
A Sejnène : Après extraction de l’argile, les potières la font sécher, en l’exposant au soleil, pour faciliter son émiettement et son trempage. L'argile séchée est ensuite concassée et tamisée pour la débarrasser de ses impuretés (sable, petits cailloux, fragments de calcaire, débris végétaux). Ensuite, elle est mise dans un récipient, une sorte de marmite appelée « ajjan », pour être trempée dans de l’eau pendant toute une journée ou une nuit. Devenue boue, la potière lui ajoute un tiers de dégraissant appelé « teffoun » pour régler la malléabilité de la pâte et limiter son retrait lors du séchage.
Le dégraissant dont l'usage est très répandu chez les potières de Sejnène, est la chamotte qui est constituée de tessons de débris de poteries pilées et passées au tamis à semoule «ghorbel tchiche».
Quant aux potières de Berrama, elles utilisent, à la place de la chamotte, des cristaux de calcite pilés entre deux lourdes pierres ou moulus finement à la meule à bras. Au cours du pétrissage à la main, le dégraissant ajouté à la boue est intimement mélangé à l’argile. Pour corriger la malléabilité de la pâte ainsi obtenue, la potière la met en boules qu’elle trempe plusieurs fois dans la poudre de dégraissant et pétrit ensuite jusqu’à ce qu’elle soit satisfaite de son aptitude au façonnage. A la fin, la pâte ne doit pas coller aux doigts. Bien entendu, cette opération, comme toutes les autres, se fait à même le sol sur un vieux chiffon. A la fin de la préparation, il faut couvrir la pâte de chiffons, et la placer à l’ombre pendant 24 heures pour qu’elle reste humide et pour que l’eau se répartisse bien dans la masse et puisse être absorbéepar le teffoun.
A Guellala: malgré sa nature gypseuse, l’argile extraite est de qualité convenable. Sa couleur varie du chamois au rouge brique. Pour la transformer en pâte, elle est trempée dans des fosses pleines qui seront remplies soit d’eau de mer si l’on veut obtenir des poteries blanches, soit d’eau douce pour la fabrication de la poterie rose ou rougeâtre. L’ajout de sable tamisé finement, est parfois nécessaire pour régler la plasticité de la pâte lors du pétrissage qui se fait toujours au pied nu comme dans les temps les plus reculés. Avant utilisation, la pâte subit un dernier pétrissage à la main pour en extraire les bulles d’air et quelques impuretés, et pour la rendre homogène et lui donner la forme d’un boudin.
A Moknine, et après livraison, l’argile est étalée dans la cour de l’atelier pour subir les actions combinées du vent, de la pluie et du soleil, qui ont pour effet de fragmenter les grosses mottes. Ensuite, elle est concassée au maillet et trempée dans une fosse pleine d’eau. La boue obtenue, doit passer à une autre fosse à travers un tamis pour être épurée de ses cailloux et autres déchets organiques. Puis, elle est enrichie de dégraissant sous forme de sable tamisé extrêmement finement. Après, elle est retirée et mise en tas pour être pétrie au pied. Au moment du pétrissage, le potier incorpore environ cinq kilos de sel gros par mètre cube de pâte préparée. C’est ce sel qui donne aux produits cuits leur aspect blanc. Elle est ensuite découpée en plaques et stockée jusqu’à utilisation. Avant celle-ci, la pâte est battue à la main pour en extraire les bulles d’air et pour la mettre en forme de boudin.
Certains ateliers pétrissent leur pâte à l’aide d’un laminoir et d’une malaxeuse-boudineuse, qui ont été confectionnés artisanalement par des forgerons à Nabeul. Mais, ces deux machines ne disposent d’aucun système de sécurité.
Il est à noter, que les artisans qui se sont orientés vers les poteries artistiques, vont à Nabeul pour acheter une pâte fine prête à l’emploi. Faut-il encourager des promoteurs pour créer sur place une unité de préparation de pâtes ? Un tel projet pourrait certainement renforcer l’activité potière dans la région et contribuerait à la développer en épargnant aux potiers la pénibilité de la préparation et l’espace qu’elle nécessite. Ce qui rend la poterie au regard des jeunes un métier noble.
A Nabeul: Avant utilisation, les mottes d’argiles séchées au soleil doivent être triées, épurées et réduites en granulés à la main à l’aide d’un maillet en bois. Aucun potier ne dispose de concasseur électrique qui transforme directement les mottes d’argile en un fin granulé prêt pour la lévigation. Le détrempage ou « lévigation », permet d’éliminer les dernières impuretés de l’argile, de séparer les pierres et les racines végétales, et d’obtenir une matière homogène. Cette opération est réalisée dans de grands bassins remplis d’eau. Ces bassins sont au nombre de deux ou trois. Le premier bassin reçoit les argiles concassées. Après quelques jours, la boue liquide obtenue est conduite dans un deuxième bassin en passant à travers un tamis, et parfois dans un troisième. Puis, le bassin est vidé et la boue est étalée au sol en une épaisse couche. Le moment venu, elle sera homogénéisée par un long piétinement par le potier. La pâte obtenue est ensuite coupée en grandes plaques et stockée plus ou moins longtemps dans une chambre humide et fraîche où elle est recouverte d’une bâche, pour éviter l’assèchement. Pendant ce temps, elle acquiert une humidité uniforme et sa plasticité s’améliore : c’est le « pourrissage ». Au moment voulu, le potier prélève une plaque pour lui faire subir un dernier pétrissage à la main avant de la tourner en différentes pièces. La plupart des faïenciers travaillant à domicile, achètent leur pâte liquide nommée barbotine. Mais, les entreprises sont équipées d’agitateurs pour préparer la barbotine dans leurs ateliers avec l’eau de pluie. Le recours à l’eau de robinet se fait en saison sèche mais ne permet pas d’avoir la même qualité de pâte. Il faut noter que contrairement à ce qu’on peut croire, les ateliers de céramique ne sont pas des gros consommateurs d’eau.
 
Disponibilité de la matière
Dans les centres de productions ruraux, la matière première est généralement accessible pour l’artisan, celui-ci puise l’argile dans des gisements limitrophes soit directement par ses propres moyens ou bien en l’achetant chez des exploitants de gisements. Dans les centres urbains, le producteur de la céramique achète la matière première chez les fournisseurs locaux ou étrangers. Les matières premières locales ou importées bénéficient de certains avantages d’ordres fiscaux et douaniers . Il s’agit d’exonération des droits de douanes et de réduction du taux de la TVA à 6 % (le taux normal étant de 18 %) pour les articles et matières premières importées, ainsi que la réduction du taux de la TVA à 6% pour les produits et matières premières fabriqués localement et nécessaires pour les activités de la céramiques au même titre que les autres activités d’artisanat traditionnel. Les produits et matières premières en question sont essentiellement :
1. Sur le plan local : articles semi-finis en céramique, poterie et argile
2.Matières premières importées bénéficiant des avantages fiscaux et douaniers N° de
EX 25.07 Argiles blanches pour la fabrication des céramiques
EX 3207 Pigments opacifiant pour l'émaillage des céramiques, du cuivre, des métaux ou du verre
Produit émail à four Lustre liquide et préparations similaires des types utilisés pour la céramique, l'émaillerie ou la verrerie Pour l’année 2008, le montant des importations sous les régimes préférentiels s’est élevé à environ 460 milles dinars dont 163 mille dinars en pâte blanche. Pour le premier trimestre 2009, les importations en argile blanche ont chiffré à 5,280 mille dinars, alors que les émaux et les lustrant ont chiffré environ 200 mille dinars. C’est dire que les activités de la céramique ne dépendent pas énormément de la matière première importée.
 
Le potier, un artisan voué
La branche céramique traditionnelle en Tunisie, se caractérise par la diversité des produits et des techniques, la dispersion des activités à travers tout le territoire même dans les régions les plus reculées et la co-existence d’activités structurées avec des activités spontanément installées. Ces artisans, surtout les potiers ruraux, maîtrisent tout le processus de production.  Certains, comme ceux de la région de Guellala, travaillent seuls dans des ateliers plus ou moins grands (jusqu’à 200 m²) et procèdent à toutes les opérations de productions dès l’extraction de la matière première des carrières environnantes jusqu’à l’ornementation des pièces.
Diverses sources d’informations renseignent globalement sur les activités artisanales en général. Un recoupement des données de ces sources est indispensable afin d’établir le nombre d’actifs dans le domaine de la céramique. Si, sur l’espace des deux dernières décennies, l’Office National de l’Artisanat (ONA) a identifié sur ses registres 1909 «artisans» entre céramistes d’art et potiers traditionnels, en 2007, l’étude sur les plus importants centres de production de céramique a établit le nombre des céramistes dans ces centres à 4428 artisans dont 762 en poterie tendre, 792 dans la poterie dure, 864 pour la poterie fine, 600 décorateurs et 1410 fabricants de carreaux de faïences. Exonération des droits de douanes et de la TVA Est artisan toute personne exerçant une activité essentiellement manuelle et mentionnée dans la liste des activités établit par décret Etude engagée par l’ONA en 2007 élaborée par l’Expert en céramique A.Kharraz La région de Nabeul, avec ses 3000 personnes, exerçant divers métiers en relation avec la céramique, vient largement en tête. Les artisanes à Sejnène, sont environ au nombre de 500. A Barrama et à Zouakra on compte une centaine de potières dans chacune de ces deux agglomérations. Dans la région de Moknine, les deux variétés de céramique (poterie dure et fine) occupent 428 artisans. Tout ce beau monde travaille dans des entreprises de différentes tailles allant de la micro-entreprise comptant une seule personne travaillant à domicile ou dans un petit atelier, aux grandes entreprises employant plus de 50 personnes. Certaines entreprises peuvent employer plus de 100 personnes.
 
L’apport des céramistes
Les 4428 potiers et céramistes repérés dans les grands centres de production, ne représentent, en terme de nombre qu’environ 1,5 % de l’ensemble des artisans estimés  . Mais en dehors de ces Zones, les activités de la céramique ne sont pas totalement absentes. D’abord, A Sfax, cette activité commence à bien se développer traduisant l’effort d’investissement soutenu dans la branche. Dans le Grand Tunis et particulièrement à la Manouba et Ben Arous, et à l’Ariana, quelques projets fleurissent. On peut alors arrondir l’estimation pour l’ensemble des régions du pays à environ 5000 producteurs sans grand risque. D’autre part, et en l’an 2000, la stratégie de développement de l’artisanat en 2016 estime la population des artisans dans les activités du groupe de la pierre et l’argile à environ 23.400 avec une valeur ajoutée par artisan, au niveau de la production, de l’ordre de 4600 dinars, soit une valeur ajoutée globale d’environ 108 millions de dinars. Cette population englobe tous les artisans travaillant la pierre, la mosaïque, le plâtre et la céramique sans aucune répartition entre ces activités. Il parait que ces activités ont tendances à générer une valeur ajoutée moyenne similaire. Or, on estime que depuis l’an 2000, la valeur ajoutée par tête de cette population a nécessairement augmenter suite à l’élévation générale du coup de la vie en Tunisie. L’inflation, basée sur le panier de la ménagère, se situant officiellement entre 4 et 5 % par an. Les prix des matériaux de construction et du foncier se sont multipliés au moins par 2 sur la même période. On peut tabler sur une hypothèse de 10% l’an pour l’inflation. Ce qui situe la valeur ajoutée nécessaire pour garder le même niveau pour cette frange de la population à 10.800 dinars. La valeur ajoutée totale pour les 5000 producteurs approcherait alors les 54 millions de dinars.
 
Les potiers : l’habileté est de mise
L’activité de la céramique comprend de nombreux spécialistes : le pétrisseur, le tourneur de poteries fines, le tourneur de poteries grossières, le  modeleur de pâte, le couleur, le finisseur, le graveur, l’ajoureur, le peintre potier, le peintre faïencier, l’émailleur, l’enfourneur, le cuiseur, et aussi le spécialiste de la fabrication des modèles en plâtre (le modeleur), des moules (le mouleur), de la préparation de la pâte et de l’émail, du calibrage, du pressage, de l’emballage. L’accès à la profession se fait principalement par l’apprentissage sur le tas. Il y a bien des centres de formation, les instituts supérieurs des beaux-arts, et actuellement les écoles des métiers. Les structures les plus indiquées sont principalement le centre sectoriel des arts du feu à Nabeul et le centre de Sidi Kacem Jelizi à la capitale qui est d’un grand  recours à tous ceux qui veulent apprendre ou se perfectionner dans le métier. En l’an 2000, l’étude stratégique pour le développement de l’artisanat à l’horizon 2016 décrit la situation de la formation dans les activités de la pierre, argile, marbre et plâtre dans ces termes :
« Le patrimoine et le savoir faire tunisien dans ces métiers sont riches. Cependant, son développement dans quelques régions côtières est peu respectueux de l’écologie. Le transfert de ces activités vers l’intérieur se fait d’une manière progressive. L’offre de formation ne traduit pas les potentialités économiques et le savoir-faire de cette branche. L’offre actuelle de formation est de 427 postes de formation, plus de 70 % de cette offre est réalisée dans les ateliers des artisans. La création du centre des arts de feux à Nabeul reste insuffisante pour la satisfaction des besoins en formation de cette branche qui pourrait constituer un vecteur de développement régional. En outre plusieurs branches ne seront pas concernées par ce centre comme la mosaïque, le calpinage, la taille et la sculpture sur pierre, marbre, et plâtre ». D’autre part, la stratégie proposée confirme que « la formation est le vecteur clé de la réussite de toute stratégie de développement au profit de l’artisanat ». Elle a alors établit la Synthèse de la demande de formation dans le secteur de l’artisanat (Les besoins actuels et futurs de formation, Besoins en formateurs / tuteurs de l’artisanat) et
A fixé les principales caractéristiques des demandes futures pour les métiers de l’artisanat
La fabrication étape par étape !
La céramique se présente sous forme de poterie modelée ou tournée, de céramique vernissée ou émaillée, elle est creuse ou plate (carreaux), fonctionnelle ou artistique …  A Sejnène
La poterie continue à être essentiellement réalisée par modelage à la main et par juxtaposition de bandes de pâte successives et courtes comme s’il s’agit d’un tissage ou d’une vannerie. La couleur et l’aspect brillant des objets fabriqués montrent qu’elles ont été couvertes d’un engobe coloré et ont subi un polissage. Cette technique est encore pratiquée de nos jours. Ces pièces font apparaître des représentations humaines qui se manifestent aussi dans la forme des poteries bédouines. Au niveau de la décoration, il y a des similitudes dans les éléments des motifs et des dessins qui se rencontrent dans le décor régulier engendré par les fibres de vannerie. Au niveau de la cuisson, la crudité n’est jamais complètement supprimée et le durcissement n’est que superficiel, car, les poteries tendres sont tout simplement grillées à l’air libre d’où leur manque de solidité, celles-ci ne résistent même pas à la pression des doigts, et se brisent aisément comme de la craie. La cuisson qu’elles subissent, semble juste suffisante pour obtenir une semi-céramique ayant une bonne qualité culinaire. En effet, les ustensiles de poterie primitive ont toujours fait preuve d’une résistance au cours de leurs usages répétés sur le feu, en y faisant cuire les aliments bouillis ou même griller l’orge. A Testour Les produits, essentiellement : tuiles, briques et carreaux, sont fabriqués avec la même argile. Ils suivent une série d'étapes incontournables. Pour cela, l’artisan tuilier emploie une technique commode et très artisanale appelée l’estampage. Pour la tuile, l’artisan mouille d’abord le moule en bois, constitué d’un cadre trapézoïdal, pour empêcher le collage de la pâte, et il sable pour la même raison la table de travail. Puis, il procède au remplissage du moule. L’argile molle est tassée dans le cadre et nivelée avec la rase. Après démoulage, la feuille de pâte obtenue est placée, avec un mouvement très rapide, sur une bosse tronconique qui donne la forme définitive. La tuile est alors lissée à la main, et l’excédent de pâte est découpé avec une aiguille. Enfin, avec une habilité impressionnante, il prend l’ensemble, moule et pièce, et les pose par terre et démoule sa tuile qui reste pour sécher sur place. Au bout d’un certain temps de séchage, les tuiles sont remises en tas avec un peu de cendre pour les empêcher de se coller. Elles sont stockées jusqu’à ce qu’il y en ait suffisamment pour entreprendre la cuisson.  Les briques et les carreaux, sont estampés de la même manière qu’à Tozeur. L’artisan mouille son moule rectangulaire ou carré, et le remplit de pâte molle. Après tassement, la brique est obtenue en retirant le cadre qu’on replace à côté pour refaire les mêmes gestes. Après moulage les pièces sont mises à sécher par terre pendant un à deux jours car il faut les débarrasser de leur eau de façonnage. Puis elles sont empilées pour être stockées en attendant qu'il y en ait un nombre suffisant pour remplir le four. Les briques et les carreaux sont cuits dans le même four que les tuiles. La cuisson se fait dans un four archaïque à ciel ouvert. Sa zone de combustion est en fosse. La chambre de cuisson a une forme ronde d’environ 2 mètres de diamètre et d'environ 1,5 mètres de hauteur. Sa forme ronde est adaptée au rangement des tuiles. Les tuiles sont rangées sur le champ, les unes contre les autres, en 5 à 7 rangées. Le four peut contenir environ 1500 tuiles. La dernière rangée est recouverte de briques cuites pour fermer le four. L’enfournement se fait par une porte de côté qui est murée à chaque cuisson, et aussi par la partie supérieure par laquelle s’échapperont les fumées. Le four est alimenté au bois qui est très abondant dans la région de Testour. Le temps de cuisson est d’environ 16 heures, pour atteindre une température de 800 – 900° C. Après cuisson, il faut attendre deux ou trois jours avant de défourner. C'est grâce à la cuisson au feu de bois que l’argile prend ses belles couleurs rosées, rouges, blanchâtres, etc. Chaque tuile est unique, elle présente des reflets de rose, chair, jaune... Ce qui fait le charme et la beauté des toitures, des murs et des sols anciens, c’est cette variété de teintes qui rend les produits non identiques et très appréciés. A Guellala: Les poteries de Guellala entrent parfaitement dans le cadre de l’art populaire. Elles sont issues du savoir faire et de la tradition ancestrale selon la technique combinée du tournage et du colombin « e’ttamlis ». Cette technique consiste à façonner entre les deux mains un long boudin d’argile « f'tila » que l'on dispose ensuite en spirale, chaque spirale forme un anneau, le corps de la jarre est construit par superposition d'une succession d'anneaux qui sont ensuite lissés sur le tour « eljarrara». A Nabeul. Le tournage est le procédé de façonnage le plus artisanal et le plus commun aux potiers et aux faïenciers. Les pièces tournées présentent des variations légères de taille, mais elles ne sont pas considérées comme des défauts mais comme la marque d’une fabrication manuelle et personnalisée. Chaque pièce est donc unique. Environ 40 % de la production faïencière est tournée et le reste calibrée, estampée à la presse et coulée.  Par contre, l’activité de la poterie de terre cuite est largement orientée vers le tournage qui offre la possibilité de réaliser rapidement un modèle nouveau demandé sans avoir à réaliser un moule ou un calibre. Chaque tourneur pétrit sa pâte à la main sur une solide table réalisée en maçonnerie, puis la met en forme de gros boudins prêts à être tournés. Les petits articles tournés sont disposés sur des planches pour les exposer, dans un premier temps, au soleil et à l’air libre afin qu’ils se raffermissent légèrement. A ce stade, le tourneur potier procède à la finition et à l’application sur les pièces, d’anses et autres garnitures avec un peu de barbotine en guise de colle, puis intervient le séchage à l’intérieur de l’atelier dans un endroit sans courant d’air. Pour éviter leur déformation, les pièces à parois droites, comme les pots à fleurs, doivent sécher bouchetonnées (bouche contre bouche). Depuis une trentaine d’années, les tuiles sont fabriquées chez les artisans faïenciers par calibrage et surtout par pressage qui sont deux procédés beaucoup plus rentables que le tournage. D’un point de vue technique, la tuile fabriquée mécaniquement par les faïenciers se caractérise par la qualité de son façonnage (pâte et parois fines, dimensions identiques, poids léger) et de son émaillage et sa cuisson au four à gaz (bel aspect et diversité des couleurs). Ce degré de qualité a été atteint dans tous les ateliers producteurs de faïence. Pour rentabiliser leur activité et améliorer la qualité du produit, certains faïenciers ont développé la production en séries. Ils ont introduit la calibreuse, il y a une trentaine d’années, pour mouler des pièces rondes creuses ou plates comme les assiettes, les bols, les tasses, les tebsis, les tuiles, et, la presse, depuis dix ans, pour presser uniquement les pièces plates légèrement creuses de forme ronde, ovale ou carrée comme les plats, les saladiers, les tuiles. Les potiers de terre cuite sont restés sur leurs procédés en continuant de faire tout à la main et au pied, par souci de dépendance. Le façonnage des pièces de formes compliquées, est fait par coulage manuel dans des moules en plâtre. Les produits de faïence se reconnaissent par le revêtement d’émail opaque dissimulant la couleur naturelle de la pâte cuite (biscuit). Pour ce type de production le décor est appliqué sur l’émail cru, d’où l’appellation « décor sur émail ». Mais lorsque la faïence est produite avec une pâte blanche, le décor est appliqué dans ce cas, directement sur le biscuit, puis il sera couvert d’un émail transparent, d’où le nom « décor sous émail ». En ce qui concerne la cuisson et la maîtrise de l’énergie depuis plusieurs années les faïenciers nabeuliens cuisent leurs produits dans des fours électriques et utilisent de plus en plus des fours à gaz isolés par des fibres céramiques plus économiques. La cuisson dure 6 à 8 heures selon les articles. Les potiers fabricants d’articles en terre cuite, emploient toujours leurs fours traditionnels, chauffés au feu de bois d’olivier, aux grignons d’olives et parfois au caoutchouc. Les décors totalement réalisés à la main, sont très variés et comprennent à côté des motifs traditionnels constitués d’éléments végétaux stylisés, des motifs figuratifs de branches d’olives appliquées sur fond jaune inspirés des décors provençaux (France) et siciliens (Italie).  Dans les années 90, les tendances marocaines ont émergé par l’imitation de certains décors typiques du Maroc. Ils sont réalisés d’une manière telle que même les connaisseurs s’y trompent sur la vraie origine des pièces. Mais il faut noter que la faïence nabeulienne est d’un bel aspect, fine et légère, ceci suite au façonnage à l’aide de machines, de l’emploi d’émaux préparés par des entreprises spécialisées et de la cuisson effectuée dans des fours modernes électriques ou à gaz. Certains faïenciers se sont orientés vers la reproduction d’une gamme de faïences anciennes datant des années 1950, s’approchant au plus près des originaux. Ils ont réussi à retrouver l’aspect d’origine en respectant, autant que possible, les techniques de fabrication utilisées autrefois. Les produits de ce type de faïence, sont très sollicités par les collectionneurs et se vendent très bien en Europe et au Canada.
 
La main, l’outil et la machine !
Dans la fabrication de la céramique traditionnelle la main reste le principal outil de modelage, façonnage et surtout pour la finition des pièce et leur décoration. Pour la poterie rurale, se sont les doigts des artisans et surtout des artisanes tel qu’à Sejnène, qui donnent la forme à l’objet et procèdent à son embellissement par l’apposition de symboles et de couleurs. L’outil, même rudimentaire, reste généralement absent ou très peu utilisé dans ces contrés. De même, dans les fabriques les plus modernes, l’intervention de la main dans le processus de fabrication est incontournable surtout dans les étapes finales. Oui, quelques outils sont indispensables, il s’agit essentiellement de moules, et autres accessoires pour le façonnage des pièces pour la production en petites séries. Les ateliers de céramique en Tunisie regorgent alors de personnel, généralement bien qualifié, pour déposer l’empreinte de la main dans chaque pièce « touche main final ». C’est ce qui caractérise le produit dû au fait artisanal traditionnel en Tunisie.
Matériel communément utilisé
Le matériel utilisé varie en fonction des techniques adoptées, selon qu’il s’agit de modelage, de tournage, de moulage, etc... ; on distingue ainsi :
- Les outils de base tels que :
*la tournette pouvant servir au façonnage de n’importe qu’elle pièce, indispensable pour lesformes symétriques, elle se compose d’un pied très pesant dans lequel est fixé un axe rotatif surmonté d’un plateau circulaire en acier que l’on entraîne à la main
* les ébauchoirs essentiels pour le modelage, ils servent à unir plusieurs éléments, les lisser, polir ou texturer),
* les rouleaux servant à étendre et aplanir les plaques ou bandes de terre 
* les croûteuses, outils manuel ou électrique munis de deux rouleaux, l’un fixe et l’autre réglable en hauteur, entre lesquels on fait passer l’argile pour l’obtention d’une plaque d’une épaisseur déterminée,
* les mirettes servant à creuser les pièces modelées dans la masse ou égaliser et lisser les parois des pièces,
* les couteaux du potier permettant de couper et d’ajourer les objets réalisés,
* les éponges utilisées pour humidifier les objets lorsqu’ils perdent une grande quantité d’eau 
* les toiles utilisées pour éviter que l’argile ne colle au plan de travail, le fil pour détacher les pièces du rouleau et le cuiller utilisé pour évider les pièces,
* l’écouvillon et demi-cuiller pour travailler l’intérieur de pièces à col étroit.
- les outils de préparation des émaux : cuvettes, bassines, batteur électrique, tamis, récipients avec couvercles,
- les accessoires d’enfournements : ce sont des pièces de différentes formes conçues à base de terre réfractaire, les pièces cylindriques jouant le rôle de piliers pour tenir les plaques d’enfournement, quant aux pièces en forme d’étoiles elles servent à séparer les pièces émaillées les unes des autres.
- les outils pour la coloration et la décoration : ceux-ci varient selon la technique décorative utilisée : les pinceaux de tailles et de formes différentes, on utilise aussi des outils de petites molettes en argile biscuitée ou d’autres éléments donnant des textures : nappe en crochet, motif en métal, pour l’émaillage des surfaces uniformes on utilise le pistolet qui permet aussi d’étendre le vernis transparent dans la phase finale de travail.
- les équipements caractéristiques de l‘activité de la poterie à savoir le tour du potier qui peut être soit traditionnel actionné avec les jambes, soit électrique et les fours de cuisson qui peuvent être selon la nature de l’entreprise soit archaïques à ciel ouvert soit traditionnels soit électriques (fours armoire), on utilise de plus en plus des fours à gaz pour des raisons d’économie d’énergie.
Profil type d’un atelier de fabrication
3 projets ont été choisis parmi les intentions de 2007, d’un coût d’investissement moyen avoisinant les 350.000 dinars (environ 195.000 Euros soit 1Euro = 1.8 DT).
Emploi
Cadre nombre moyen 1,3
Autres employés 17
Equipements de base
• Four à gaz avec chariots et accessoires : 2 à 3
• Tour : 3
• Presse hydraulique : 3 à 4
• Broyeur : 2 à 4
• Boudineuse dégazeuse : 1 à 2
• Filtre presse : 3
• Accessoires
Les équipements utilisés dans le secteur de l’artisanat bénéficient des avantages prévus par la réglementation en vigueur régie essentiellement par la loi 93-120 du 27 décembre 1993 relative à la promulgation du code des investissements en Tunisie. Plusieurs autres textes accordent certains avantages spécifiques au secteur ayant pour finalité d’impulser la décision d’investir dans les activités d’artisanat traditionnel. La réglementation stipule essentiellement l’exonération des droits de douanes et l’application de taux aménagés de TVA pour l’importation ou l’acquisition de matériel nécessaire aux besoins des  artisans et entreprises artisanales. Des listes d’équipement sont dûment arrêtées, mais la tendance est à l’élargissement des avantages à l’ensemble des équipements vu la complexité de la réalité liée à la mondialisation où l’entreprise artisanale devrait de plus en plus répondre aux exigences multiples d’une clientèle de différents horizons. 14 Décret n° 94-491 du 28 février 1994, Jort N° 21 du 18 mars 1994.
La qualité, un objectif national
La qualité constitue de nos jours un élément essentiel de la vie de l’entreprise artisanale. La stabilité
et la pérennité de l’entreprise sont désormais tributaires de l’instauration d’un système qualité. Pour atteindre cet objectif, l’entreprise doit réussir à adapter une exploitation optimale de ses ressources humaines et matérielles et s’assurer que toutes les étapes de la production ont été exécutées selon les critères et les normes en vigueur afin de donner satisfaction au client, garder sa confiance et le fidéliser. Cela se traduit par l’amélioration de sa compétitivité et d’oeuvrer pour une meilleure position sur le marché. L’Etat Tunisien n’a cessé de promouvoir l’approche qualité dans l’administration et encourage les privés à s’inscrire dans cette approche. On a parlé alors des cercles de qualité, de la qualité totale et actuellement du programme national pour la qualité. Ainsi, dans cette optique et dans le cadre de la stratégie visant à renforcer la capacité du secteur de l’artisanat à promouvoir les entreprises et les soutenir pour gagner le pari de l’exportation, l’Office National de l’Artisanat est sur la voie de mettre en place un système national de qualité pour l’artisanat appelé « système Itqane». Ce système devrait participer à adapter le secteur de l’artisanat aux mutations régionales et mondiales en matière de normalisation, de propriétés industrielle et de certification. Il vise essentiellement à :
- Instituer des normes et des réglementations techniques pour l’élaboration de produits sûrs, fiables, efficaces et préservant au mieux l’environnement;
- Offrir un cadre de référence et un lexique scientifique commun aux fournisseurs et aux artisans afin d’unifier les concepts et de favoriser l’échange d’information;
- Optimiser l’exploitation des ressources humaines et matérielles pour éviter le gaspillage;
- Renforcer l’application des normes et améliorer la qualité des produits de l’artisanat en vue de leurs permettre d’accéder à de nouveaux marchés mondiaux.
- Veiller à l’application des normes en vue de créer des conditions favorables à une concurrence saine ;
- Donner aux entreprises artisanales la possibilité d’accéder au marché sur un même pied d’égalité avec ses rivales étrangère et de faire face à la concurrence.
Ce système repose principalement sur les axes ci-après :
Les normes techniques : il s’agit d’engager les procédures nécessaires à l’élaboration des normes techniques des matières premières, des procédés de fabrication et des produits finis ;
Elaboration des guides de qualité qui serviront à garantir la qualité des produits par une meilleure information des artisans sur les techniques de production, les matières premières utilisées et les normes.
La propriété industrielle :
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Itquane : mot arabe qui peut être traduit par « travail bien fait »
- Protection des plans et modèles en vue de protéger les intérêts des artisans dans ce domaine. Des actions visant à réduire de 70 % les redevances afférentes aux formalités de dépôt des plan et modèles au profit des artisans, ont été entreprises. Ainsi conformément aux dispositions du décret n° : 2009-437 du 16 février 2009 complétant le décret n° : 2001-1985 du 27 août 2001 fixant les montants des redevances afférentes aux dessins et modèles industriels, les artisans et les entreprises artisanales payent 30 % du montant prévus pour la protection de leurs plans et modèles. Cet avantage vise à inciter les artisans à déposer leurs créations et modèles afin de les protéger contre tout usage illégal.
- Protection des produits de l’artisanat par des marques de fabrique : des réductions de 70 % sur les redevances de dépôt de marque de fabrique ont été consenties aux artisans et entreprises artisanales et ce en application des dispositions du décret n° : 98-2133 du 2 novembre 1981 fixant les montants des redevances perçu au titre de la propriété industrielle et du décret n° : 2001-1934 du 14 août 2001 fixant les montants des redevances relatives aux marques de fabrique, de commerce et de services. - Protection des indications géographiques : celles-ci sont d’une importance capitale en matière d’artisanat. Elles constituent un outil précieux de valorisation de la qualité des produits. Dans ce cadre, et suite à la parution de la loi n° : 2007-68 du 27
décembre 2007 relative aux appellations d’origine, aux indications géographiques et aux indications de provenances des produits artisanaux, des projets de cahiers des charges ont été élaborés en vue de créer des appellations d’origine pour la « poterie de Sejnane » et des indications géographiques pour le bois d’olivier. Contrôle de la qualité : Pour assurer un meilleur niveau de qualité pour les produits de l’artisanat, un effort considérable est déployé par les départements concernées de l’ONA afin de mettre à la disposition des contrôleurs de la qualité des guides et manuels afin d’unifier les méthodes et procédures de contrôle.
Par ailleurs des projets de normes et de textes réglementaires ont été élaborés pour définir la qualité des matières premières, des intrants et des équipements. Parallèlement un vaste programme d’action de contrôle et d’estampillage des produits a été entrepris.
Développement durable :pour un environnement saint
En général, les activités dans le secteur de l’artisanat ne sont pas dégradantes pour l’environnement surtout s’il s’agit d’un artisanat du terroir telle la poterie rurale. C’est plutôt le contraire, les matières premières utilisées sont prises directement de la nature. C’est le cas des fibres végétales, de la laine, des chutes de bois divers, des produits de récupération et principalement l’argile. Cependant, l’usage de quelques additifs dans certaines activités artisanales peut avoir des effets négatifs sur l’environnement tels les colorants, les vernis et les émaux à base de produits polluants. Dans notre cas, la dégradation de l’environnement peut provenir de la surexploitation des déchets des forets ou l’usage de combustibles non appropriés pour la cuisson des objets en céramique. Des initiatives visant la sauvegarde de l’environnement sont entreprises dans plusieurs directions :
- la sensibilisation des agents acteurs à la nécessité de mieux composer avec la nature pour pouvoir perpétuer leurs affaires.
- l’initiation de projets pour l’usage des énergies propres tel est le cas dans les régions de Nabeul et Moknine où on étudie la possibilité d’aider les artisans potiers à l’usage du gaz naturel au lieu des combustibles multiples chers et polluants. Les potiers peuvent être également encourager à user proprement des combustibles disponibles (bois de taille d’olivier, déchets de grignons des olives) en les aidant à construire des cheminées de plus de 7 metres de hauteur ou bien de s’équiper de brûleurs à grignons d’olives qui permettent de réaliser une combustion complète (sans fumée). Ce type de brûleurs se fabrique en Espagne.
- L’étude des possibilités offertes par l’usage de colorants et émaux naturels. L’ONA a engagé une série de recherches dans le cadre de projets de fin d’étude, encadrées par un expert spécialisé afin de prospecter un peu le potentiel existant. La démarche s’inscrit, bien sûr, dans le cadre de l’approche tunisienne pour la sauvegarde de l’environnement
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Le marché:
la ruée vers l’internationale
Les activités de la céramique traditionnelle en Tunisie se caractérisent par leur diversité, de région à autre, un type particulier de céramique surgit. La poterie rurale (berbère) à Sejnène et Barrama au Nord du pays, la céramique vernissée ou émaillé à Nabeul au Cap-Bon ou à Moknine au centre du pays et poterie tournée de terre cuite à Djerba au Sud. On rencontre aussi des potiers et céramistes dans plusieurs autres régions telles que Tunis, Mahdia, Medenine, Zaghouan, Sidi Bouzid… On distingue plusieurs marchés selon la clientèle cible. Le marché local, le national, l’international et le marché touristique. Chaque marché à sa propre logique et l’administration et en l’occurrence l’ONA cherche développer l’ensemble de ces marchés vue le potentiel latent. Sur le plan local, c’est par l’encouragement des artisans et des entreprises artisanales à la participation aux différentes manifestations organisées par l’ONA ou par d’autres parties, et qui sont en relation avec l’artisanat ou ont une portée culturelle, qu’on motive, en premier lieux, ces artisans et entreprises à promouvoir leurs produits. Dans ce cadre on peut citer les deux manifestations spécifiques : la Foire de la poterie de Gallala et la Foire de Nabeul où la céramique est le produit phare. D’autres foires sont organisées à Tataouine (mois de mars), Tozeur (mois d’août), Douze (mois d’août), Denden (mois de décembre), Kairouan (mois de mars), Zaghouan (mois de mai), Kef (mois de février) et à Tabarka (mois d’août). Des expositions sont tenues lors de diverses manifestations culturelles, touristiques ou lors de grandes conférences nationales ou internationales. Ensuite, et dans le cadre de la stratégie de développement de l’artisanat à l’horizon 2016, le projet de création de cités artisanales afin de rassembler les artisans et faciliter l’approvisionnement et la commercialisation des produits a atteint sa vitesse de croisière. Le processus a été déclanché par la création de telles citées dans le cadre de programmes nationaux de développement en l’occurrence le programme 21.21 et PDUI, l’ONA est en train de mettre en place une chaîne à travers la création d’un ensemble de cités artisanales. Outre la cité pilote de Den.Den crée depuis 2005, l’ONA a participé activement à la création de la cité artisanale du Kef (ville se situant à 170 km au nord de la capitale). D’autres cités, dont la création est appuyée par des décisions présidentielles commencent à voir le jour à Gafsa (au moins 4 unités), Kairouan, et autres villes. L’autre démarche pour consolider la présence du produit de l’artisanat tant sur le marché local et international consiste à encourager les promoteurs à créer des groupements (consortiums) 17
 D’approvisionnement et commercialisation des produits de l’artisanat. Tels groupes, autorisés par la loi 2005-15 du 16 février 2005, commencent à jouer un rôle assez significatif, surtout dans certaines régions, dans la dynamisation de quelques activités. Sur le plan international, les programmes visent à étudier certains marchés jugés porteurs pour l’artisanat tunisien tel que le marché allemand, américain et des pays du golf. Actuellement, l’ONA continu à accompagner quelques artisans et entreprises artisanales dans la participation à des manifestations internationales. En outre, les entreprises artisanales, à l’égard de leurs homologues du secteur de l’industrie, bénéficient des avantages et des encouragements des programmes visant la promotion des exportations tels le FOPRODEX et FAMEX. Ces programmes aident les entreprises dans leur démarche à l’exportation soit pour une opération ponctuelle ou bien dans le cadre d’un véritable programme spécifique pour l’accès aux marchés extérieurs. Un guide des entreprises artisanales exportatrices a été édité par le CEPEX où figurent 385 entreprises dont 53 en poterie et autres produits de céramique. L’exportation est élevée au niveau du devoir national d’où l’engouement de tout ou chacun à multiplier les efforts pour la concrétisation de cette orientation. Le portail de l’artisanat initié par L’ONA est actuellement en cours d’actualisation. Ce site se veux un site vitrine de l’artisanat tunisien, utile aux différents opérateurs dans le secteur et peut apporter des informations sensées aider les décideurs à la décision quand aux stratégies et aux actions à mener à même de favoriser le développement du secteur et des activités artisanales dont celles en rapport avec le commerce.
Sur le site « les pages jaunes » on dénombre 532 entreprises artisanales réparties en 13 groupes d’activités différentes. Sur ces 532 entreprises, 46 concernent les produits de la céramique d’Art et 49 la poterie soit 95 entreprises spécialisées dans les produits de poterie et céramique, ce qui représente 14 % des sites de commercialisation des produits de l’artisanat. D’autres sites Internet, initiés par des structures administratives ou par des associations ou organisations non gouvernementales contiennent des adresses d’entreprises artisanales ou des artisans indépendants pour les aider à mieux promouvoir leurs produits et développer leur vente. Tel est l’exemple du site marchand souk-artisanes.org.tn qui est l’aboutissement d’un projet national lancé en 2005 par le ministère des affaires de la femme, de la famille, de l’enfance et des personnes âgées, dont la gestion a été confiée à l’ « association de solidarité internationale ». Il est le fruit de la politique avant-gardiste tunisienne à l’égard de la femme dont le principe fondamental est de n’exclure aucune catégorie sociale, et ce dans un contexte socio-économique prônant la solidarité sous toutes ses formes. Le site a été réalisé en collaboration avec des partenaires gouvernementaux, notamment le Ministère du Commerce et de l’Artisanat et le Ministère des Technologies de la Communication, ainsi qu'avec des représentants de la société civile. Dans un esprit de solidarité, allant de pair avec sa vocation et ses objectifs, l’Association de Solidarité Internationale (ASI) assurera la gestion du site et prendra en charge la collecte, le stockage et la vente électronique des produits des artisanes. Céramique bleu et brun sur fonds jaune Faute d’une nomenclature clairement établie pour les produits de l’artisanat en général et de la céramique en particulier, l’ONA en collaboration avec les structures concernées suit les exportations dans le secteur à travers les publications disponibles en l’occurrence celles de l’INS, la consultation de différentes bases de données à l’INS ou à la Direction générale du commerce extérieur au ministère du commerce et de l’artisanat ou à la CEPEX. La démarche permet d’établir une liste de produits selon la nomenclature en vigueur ainsi que les quantités et les valeurs des opérations d’exportation les concernant. Parfois on arrive à compléter les données par la liste des pays de destination et celle des opérateurs. Quant aux exportations dites indirectes (achats par des touristes lors de leur séjour en Tunisie) on les estime en multipliant le nombre des entrées annuelles par un montant moyen dégagé à partir d’une étude (enquête) auprès d’un échantillon de touriste, initiée par le Ministère de Tourisme et tient compte des acquisitions des touristes en produits d’artisanat.
 
L’avenir des activités de la céramique
La stratégie de développement de l’artisanat à l’horizon 2016, les plans de développement quinquennaux et les plans d’actions initiés par l’office de l’artisanat concordent sur l’avenir prospère de l’artisanat en Tunisie et notamment les activités jugées prioritaires, puisque porteuses. Parmi les activités retenues dans ce cadre la production de la céramique tous genres confondus malgré les quelques difficultés que rencontre cette branche. Ces activités font actuellement l’objet de démarches pour leur développement à travers plusieurs interventions suite à des méthodologies et plans d’actions établis notamment dans le cadre du programme pour renforcement des capacités institutionnelles de l’office national de l’artisanat pour la promotion du secteur de l’artisanat (P3A). Ces interventions concernent essentiellement : 
- l’instauration d’une démarche qualité auprès des entreprises concernées,
- des actions promotionnelles ciblées,
- des opérations d’encadrement technique pour l’innovation et la création,
- l’édition de guides et manuels pour ces métiers et pour les artisans et entreprises artisanales les plus en vue
- l’élaboration de monographies actualisables dans le but de mieux délimiter leur champs et identifier les insuffisances afin de permettre la prise de décisions stratégiques les concernant et de mettre à la disposition du public et, particulièrement les promoteurs, des informations aussi fraîches et opportunes que possible.
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En outre, le volet du développement durable en phase avec les soucis de sauvegarde de l’environnement n’a pas été omis comme il a été précisé pour le cas notamment des zones de productions dans les régions de Nabeul et de Moknine, où la céramique a de bonne chances de continuer à se développer. La poterie rurale, telle qu’à Sajenène et Barrama, est une cible très convoitée dans les actions pour le développement des activités de la céramique, et en constitue une composante très importante vu le potentiel qu’elle renferme. D’autres outils, qui vont permettre la protection des produits, sont en phase de mise en place. Après avoir préparé l’arsenal de textes juridiques nécessaires relatifs notamment à l’enregistrement des dessins et modèles, les marques de fabrique, de commerce et de services, les appellations d’origines, les indicateurs géographiques et les indications de provenance, des compagnes de sensibilisation et d’encouragement des artisans et entreprises artisanales pour l’adhésion à cette démarche ont démarré dans le cadre d’un large programme. Il est a noter aussi que le programme de mise à niveau des entreprises artisanales, dans une version originale où les actions se font à travers l’intervention du Programme de Mise à Niveau de l’industrie, peut apporter un appui important aux entreprises dans les activités de la céramique vu leur prépondérance parmi les entreprises structurées du secteur. Enfin, les programmes des cités artisanales, des pépinières d’entreprises et des groupements pour l’approvisionnement et la commercialisation des produits de l’artisanat, que l’ONA initie et gère dans un esprit de réseaux consolidés ouvert à l’export, permettront nécessairement aux activités de la céramique, à l’égard des autres produits, une meilleure circulation par l’exigence de la qualité et un positionnement notable sur le marché international. Tous ces outils, programmes et plans d’actions pourraient être déclinés, entre autre, en une stratégie de développement de la branche des activités de la céramique.

Catégorie : - Poterie & Céramique
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